JEUX DE MOTS !!!
LE FAISEUR DE MOTS
Je suis le faiseur de mots,
Et le créateur d’images
Voyez, quand j’égrène mes maux :
Ils subliment même ma rage !...
De vingt-six lettres, je suis façonneur
Parfois aux enchères et parfois au rabais
Et parfois musicien ou simple sonneur :
Consonnes et voyelles… En un mot, l’alphabet
Noble poésie dont je fais l’éloge
Nourriture du jour pour remplir mon auge
Don qui surprend lorsqu’il surgit
En moi l’inexpert en magie !...
La lettre A, ses soeurs et ses frères
Sont le vivier toujours disponible
Où je vais puiser règles et repères.
Elles rendent TOUT, presque possible !...
L'A englobe l’Avant autant que l’Après
Lorsque suivie du B qui marque les Bordures
Ou aidée du C Ciment pour la structure
Elle donne un grand D fait pour Durer !...
Le E est hésitant et parfois même s’Eclipse
Il se cache et se voûte pour former une Ellipse
Ils peuvent parfois s’unir pour crier En Fin !...
Ou laisser le F, plus Fort, dire le mot Fin !...
Une Fin ponctuelle qu’il faudra dépasser…
Alors la lettre G s’émeut et se fâche
De fait, dans son ombre, la grande lettre H
Surgit dans la phrase prête à tout casser !...
Pourtant si futile, sera la vie du I
Qu’un simple pédoncule peut changer en J
Le I est l’ergot du coq qui dit toujours : Je
Et oublie souvent l’Importance des enJeux !...
Pour la lettre K le choix n’est pas varié
Le Kilo est facile vous l’auriez parié
La Laideur du L, cette droite qui dévie
Plonge dans le Marasme sans expliquer la vie
D’un V à l’envers dont les pieds ont doublé
Pour donner un M qui ne sert qu’à Meubler !...
Non dira le N pour tous les passants
Le mot sas avec un N voudra dire sans
Avec la venue du O, bouche en cul de poule,
Je sème la rondeur et l’eau qui en découle !...
Et si vous manquez d’air c’est un P sans odeur
Qui sort discrètement d’un Q tout en rondeur
Et deux faces de lunes qui n’ont l’R de rien
Qui donneront des R aux meilleurs des Ariens (à rien ?)
Le S est remarquable avec ses deux boucles
Il serpente patiemment décidé à passer
Si vous n’en voyez qu’un le S vous les redouble
Il vous les aSSène sans jamais se lasser !...
Aidé s’il le fallait par la barre haute du T
Mèche allumée dans un bâton de TNT
Le U tout à la tâche qui lui est dévolue
Offre deux ancrages à ceux qui lui ont plu
Elle affiche une rondeur qu’elle persiste à couver
Moins saillante ou incisive que la pointe du V
Cette pointe véritable qui colle sans rivets
Et se fixe sur une feuille, avec deux bras levés !...
Craignant parfois la douceur du Vélin
Que la main du poète a sûrement lissé
Elle doublera les pointes jouant au plus malin
Mue en doux bleu Vénus qui ne veut nous blesser !...
Et si jamais le nombre de mues vous fâche
Chez les grecs, elles vous enverront, quêter,
Y voir les nombreux ports d’attache
Ou havres de paix pour s’Y abriter !...
Ces Yles nombreuses qui forment les cYclades
Que la mer déchaînée a maintes fois mises à mal
Et qui offrent aux marins leurs nombreuses rades
S’il veulent, à leurs quêtes, mettre un point final !...
Et quand ce mot est lâché, il n’y a plus de retour
C’est un mot si cher que l’on ne vend au rabais
Comme le Z vient marquer la fin de l’alphabet
Justicier solitaire, que nul ne peut duper
Il vient confirmer, sans faille et sans détour,
En traçant un Zed final de la pointe de son épée !...